jeudi 27 août 2009

J’avais noté en vrac la dernière fois les points que je voulais aborder et que je ne prenais pas le temps de faire, le billet s’annonce long …

Humeur du jour : morose. Humeur globale : en dents de scie …

Franck est parti, ça y est … Ce matin, Ethiopian l’a ramené en France après deux ans de mission. D’un point de vue purement égoïste, juste fait chier … Je perds le seul normand de la mission, le seul mangeur de beurre assidu, la seule personne qui rigole tout le temps à mes blagues débiles, qui poussait autant de coups de gueule que moi(de préférence pas en même temps, sinon, personne ne peut nous modérer !!!) et surtout, surtout, le seul danseur de rock !!!!
Bon, je vais y arriver sans lui mais ça va être dur !
On a quand même fait ça bien pour son départ :

De Lubumbashi baby

Atelier taboulé, salades en tout genre, oignons et poivrons avec Elise et Loïc de Bukama

De Lubumbashi baby

Louis est heureux de nous présenter ...

De Lubumbashi baby

le Cochon

De Lubumbashi baby

Qui a fini en cotelettes ...

De Lubumbashi baby

Paul et Noella, juste happy :)

Tout ça pour dire que le turnover, c’est fatigant ! On s’attache aux gens et ils partent … On est déjà dans un contexte émotionnellement pas simple alors ça en plus, ça en rajoute sur l’addition !! Rien à voir avec le turnover vécu avec Erasmus ou en stage ou à la Haye. Les conditions dans lesquelles nous vivons sont bonnes mais le travail est fatigant, nous sommes loin des gens que l’on aime, nous ne sommes pas dans notre « environnement naturel familier » … Tout ça joue sur le moral et les familiarités que l’on crée aident à tenir. C’est en tout cas le cas pour moi.

Enfin, entre les coups de gueule, les coups de mou, il y a quand même de nombreux bons moments :).

Un petit flashback : le 14 juillet. Moment hautement symbolique lorsque l’on est en expatriation à ce qu’il paraît. L’habitude de le fêter en Normandie, à Pont-Audemer, à siroter du pommeau en écoutant le concert sur la place de la mairie … ca laisse des traces ! Ici, rien de moins que l’invitation du consul honoraire de Lubumbashi pour fêter ça entre français, soyons franchouillards !!!

On le craignait et ils l’ont fait : deux jolis portraits encadraient le consul honoraire pour son discours : Sarko à droite et Kabila à gauche, le ton était donné. Bon, pour faire court, discours, long mais rigolo, du vin rouge, des pruneaux au lard (miam !!!) et de bonnes parties de rigolade avec Paul, Nico, Franck et Noella. Un peu guindé à notre goût, un directeur d’agence de surveillance nous a abordé et nous a direct tendu sa carte en nous demandant si nous cherchions des gardiens … Aïe, Aïe, Aïe, on a tous plus ou moins été pris d’un fou rire … Un peu malpoli le bonhomme …

Nous avons fini la soirée à danser pieds nus sur Mickael Jackson (oui oui, pieds nus car on était sur des talons hauts avec Noella et pour danser dans l’herbe, c’est quand même pas pratique). D’ailleurs, ces talons, je les avais achetés lors d’un sprint l’après-midi même avec Monique dans les boutiques du centre car la tenue de chez l’ambassadeur n’était pas prévue dans ma garde-robe !!!

D’ailleurs, autre chose qui n’était pas prévu dans ma garbe-robe : les quelques kilos que je prends depuis que je suis arrivée ici. A coup de repas entrée plat dessert, de resto, de bière, ça va vite !! Aucune privation à Lubumbashi, nous trouvons absolument tout … C’est scandaleux !! Du coup, on a tenté, avec Paul, de mettre en place des sessions footing, pas glorieux du tout … J’ai jamais pu tourner en rond autour d’un stade, je crois que ce n’est pas ici que je vais y arriver. On devrait songer à monter une équipe de basket :).

Dans le rayon personnalités, j’oubliais, nous avons eu l’honneur d’accueillir le directeur fondateur de Solidarités à Lubumbashi. Alain Boinet était présent après être passé à Kinshasa, où il a assisté à la soirée du 14 juillet chez l’ambassadeur de France au Congo. Solidarités y était à l’honneur, une expo photos sur nos activités au Congo était présentée lors de cette soirée. (pour voir les photos, prises en grande partie par Vianney Prouvost, roi du galopin, c’est ici ).
On a aussi vu Thierry Michel, le réalisateur de Katanga Business l ors d’une projection à la salle de l’assemblée provinciale. Conditions différentes de celles dans lesquelles j’avais vu le film à Paris, au quartier latin dans une salle minuscule ! Ici, assistance d’au moins 200 personnes, avec des applaudissements à l’apparition du Général (Mobutu) à l’écran. Assez impressionnant. Je ne connais pas encore assez bien l’Histoire du pays et le rôle du bonhomme mais dans mon esprit, pour le moment, c’est un peu celui qui a plié le Congo à genoux en détournant un maximum d’argent… Enfin, il faudrait que je lise un peu de littérature à ce sujet.

Question boulot … Ca se calme, enfin !! Je souffle, cela fait du bien. Les tuyaux sont arrivés à Lubumbashi, en cours de dédouanement, évidemment, mais ce coup-ci, on a sous-traité !! Me suis faite avoir une fois par l’OFIDA, pas deux !! Les semences sont presque toutes livrées (un contrat annulé pour cause de mauvaise qualité … mouarf !), les outils aussi et les motos sont livrées, deux en route pour Kalemie pour le rodage (organiser le rodage de 10 motos en brousse, c’est comique).

Autant dire que les programmes de Bukama et Nyunzu vont être enfin parés pour se lancer dans la phase la plus intense des activités. Cela n’aura pas été sans mal, avec les obligations de procédure, les retards, les contraintes. Kalemie, base qui gère une partie des achats pour Nyunzu, n’a plus d’électricité depuis deux mois. Cela devrait durer encore deux mois. Autant dire que les quelques activités industrielles qui existent dans la région de Kalemie sont stoppées nettes … Pourquoi est-ce que je vous raconte ça ? Tout simplement pour expliquer que je vous écris actuellement dans le noir, sauf avec ma petite bougie à droite que je surveille du coin de l’œil pour ne pas mettre le feu à la moustiquaire, mais aussi pour expliquer que cette coupure nous a contraint à revoir l’approvisionnement pour le ciment à destination des programmes de Nyunzu. En effet, nous devions nous fournir auprès d’une entreprise pas loin de Kalemie, Interlac. Mais cette entreprise a été contrainte de suspendre ses activités, faute d’électricité. De ce fait, Camille, le nouveau log support de Nyunzu a réussi à organiser un approvisionnement depuis la Tanzanie, sur l’autre rive du lac Tanganyika. Surcoût estimé : 5$ par sac. Pas énorme me direz-vous, sauf que nous avons acheté 1623 sacs … soit un peu plus de 8 000$ de surcoût. Pas simple l’affaire ! Enfin, on s’en sort, on tient les délais. Ouf ! Car la saison des pluies approche à grand pas. Je n’en ai pas encore vécu, mais pour ce que j’en ai entendu, il semble difficile de faire sécher de grosses buses en béton quand ça arrivera. Ca urge !!!! :)

La coupure d’électricité a d’autres effets qui sont malheureusement plus graves. Je suis à Kalemie depuis jeudi dernier. Depuis un mois y sévit une épidémie de choléra. Outre le fait que Kalemie est une zone endémique où les épidémies sont fréquentes, la coupure d’électricité contraint la regideso, équivalent de notre générale des eaux française, à limiter la distribution, faute de courant. De ce fait, certains quartiers ne sont plus du tout alimentés en eau potable. L’équipe de Kalemie a présenté avant-hier un projet de réponse d’urgence à cette crise, en proposant notamment du water trucking (transport d’eau potable par camions citernes) afin d’alimenter les hyper bornes fontaines qu’un de nos projets précédents avait mis en place dans certains quartiers de Kalemie. Dans l’attente du lancement de ce projet, l’équipe tente de faire en sorte que les sites les plus vulnérables soient alimentés en haut, notamment le centre de traitement du choléra (CTC). Le souci, c’est que nous n’avons pas les moyens logistiques ni les fonds pour lancer les opérations avant que notre projet ne soit accepté. On tente donc de faire en sorte que les acteurs ayant ces moyens agissent en attendant que nous le fassions. Stéphane, responsable de base à Kalemie, essaie donc de convaincre la MONUC d’alimenter le CTC avec ses camions citernes. La MONUC, c’est la mission de l’organisation des nations unies au Congo. Beaucoup d’hommes au Kivu et en Ituri et quelques bases encore au Katanga. J’avoue ne pas connaître exactement leur mandat. C’est une force de maintien de la paix mais je crois qu’ils ont également un mandat pour la protection des civils. Bref, au Katanga, vu qu’il n’y a pas de combats, je ne sais pas trop ce qu’ils font. Et quand ils répondent qu’ils ne peuvent pas livrer de l’eau au CTC parce qu’ils n’arrivent pas à joindre le chauffeur de la citerne, c’est un peu fort de café … Enfin, passons sur les problèmes de coordination sur le terrain dans les missions humanitaires, c’est un peu trop exaspérant et polémique.

Pendant que l’équipe tente d’organiser l’alimentation du CTC, la vie s’organise aussi pour que nous, pauvres expats, nous ayons de l’eau potable et de l’eau pour nous laver. Approvisionnement au lac, utilisation de l’eau de la regideso quand on en a au bureau, bref, c’est système D. Mais le fait est que l’on se rend rapidement compte à quel point l’eau est un élément essentiel et sensible.

Tiens, une belle illustration de tous les problèmes, de toutes les petites choses qui font la particularité de l’Afrique, c’est le bouquin Ebène de Kapucinski (ou qqchose comme ça, c’est un journaliste polonais). C’est la compilation de dizaines de petites anecdotes. C’est court, facile à lire et criant de vérité !

Ce livre illustre assez bien une sensation que j’ai ressenti plusieurs fois depuis que je suis ici, c’est cet élan étrange dans lequel se trouve l'Afrique, à mi chemin entre les traditions et la modernité. On a par exemple les emails avant les timbres ... Nous sommes allés nous balader à Likasi, une ville à deux heures de route au nord de Lubumbashi. J’ai été sidérée quand nous sommes passés devant la poste et que Dimo, le chauffeur, nous a dit que la poste ne fonctionnait plus depuis 1992 … En nous baladant dans Likasi, une ville plus petite que Lubumbashi, j’ai eu un ressenti général de désuétude, une espèce de splendeur du passé qui n’existe plus. Le temps colonial avait construit dans ces villes des bâtiments énormes qui aujourd’hui n’ont plus d’intérêts car ils ne sont plus entretenus ou qu’ils n’ont plus lieu d’être.


De Lubumbashi baby


Likasi, les bains municipaux des belges, le temps figé il y a 50 ans ... (au fond, le plongeoir si on regarde bien)

De Lubumbashi baby


Likasi, la poste en arrêt depuis nonante-deux

De Lubumbashi baby


A Likasi, l'éternelle Simba avec Noella et Franck

Je me rends compte dans ces moments à quel point notre présence ici est étrange. Nous sommes en Afrique, nous vivons en Afrique, nous y travaillons mais nous ne vivons pas au rythme africain. Nous sommes toujours pris par le temps, contraint de faire tout vite. Alors que, comme il est décrit dans le livre Ebène, l’Afrique est dans certains cas caractérisée par l’oisiveté. Je n’ai jamais compté le nombre de personnes que j’ai pu croiser, posées sous un arbre ou sur un banc, en train de discuter ou juste en train de regarder la vie s’écouler. En Europe, je suis sûre que cela pourrait presque paraître suspect. Ici, les gens s’amusent de me voir galoper partout avec le sourire. Je me dis d’ailleurs parfois que je ne devrais pas « brusquer » autant les gens (« comment ça Mandé mes garnitures de frein ne sont pas arrivées ? Et mes câbles de bougie d’allumage, cela fait 3 mois qu’ils sont en commande !! » « mais Madame Marie, on aura ça la semaine prochaine » « Augui (pour Augustin), cela fait 3 semaines que tu me dis ça, moi j’en ai marre !! »). En même temps, c’est sans rancune, ils savent très bien que je n’ai pas d’autres choix. Je dois attendre… Encore heureux que je puisse râler, sinon, je pèterais une pile !!!

Mais c’est vrai que ce genre d’événements me fait me poser des questions. On dit souvent que l’Afrique ne s’en sortira pas faute de le vouloir réellement. A voir le Katanga qui regorge de ressources, on se demande pourquoi aucune industrie n’existe ici. Tout est importé. De Zambie, de Chine, de Tanzanie… Vu les ressources, la Province aurait de quoi développer une activité économique importante, de renouveler ses infrastructures … Tout ce qu’on voit comme infrastructures, cela date des belges ou presque… Ca a donc au mieux 50 ans d’âge. On ne parle bien évidemment pas du train. Camille a eu à se frotter à la SNCC. Trois wagons chargés à ras bord, l’un d’eux uniquement qui part. On se demande parfois comment s’est possible, que c’est nécessairement fait exprès. Mais je crois que c’est juste un je-m’enfoutisme avancé … Et dans ces moments là, je sais que beaucoup de monde se pose la question « mais pourquoi faites-vous ça ? Pourquoi poussez-vous pour que des choses se fassent si en face les gens n’en ont simplement rien à faire ? ». Tout simplement parce qu’on est payé pour ça, que c’est tous les programmes qui sont stoppés si les achats et les transports ne se font pas correctement. Beaucoup d’énergie donc pour organiser des trucs qui peuvent autrement paraître extrêmement simples. Certains détails, comme le nom d’une personne sur un document de transport, comme le calcul des taxes, comme les interlocuteurs peuvent nous faire perdre jusqu’à un mois en cumulé …

Forcéménent, face à ça, la fatigue s’accumule et c’est du fond de mon lit que j’écris. Suis malade depuis lundi (nous sommes jeudi). J’étais à Kalemie (cf le début du post) et je suis à nouveau à Lubumbashi, rappatriement par précaution hier en avion (en attendant l’avion, j’ai vu le mont saint michel flotté au dessus du Lac Tanganyika, une expérience incroyable !!!). Examens sanguins en cours pour qu’on sache ce que j’ai. Grosses poussées de fièvre, mal partout donc gros doutes sur un potentiel palu. A suivre, résultats normalement cet après-midi. Mais tout ça pour dire que j’ai un peu trop tiré sur la corde (étonnant) et que je le paie !

Mais bon, j’ai dû un peu provoquer les choses le week-end dernier. Soirée de départ de Vincent à Kalemie, le coordo log de Médecins du monde (MDM) sur la zone. Après un bon repas (poissons du Tanganyika :)), direction la kermesse de Kalemie. Vincent et Nicolas nous avaient prévenues, Julie et moi, que c’était spécial. Ah bah oui, 10 stands, tous avec leur propre son à fond, tout ça sur 1000m² au maximum, ça donnait un joyeux tintamarre. On s’est retrouvé à danser congolais sous une tente. Une nouvelle fois « mais madame Marie, moi je vous aime, pourquoi ne voulez-vous pas m’épouser ? » « mais papa, je suis déjà mariée en France » « oui mais tu es au Congo là »… bref, c’est sans fin et heureusement, Vincent pas loin pour me rattraper et me faire danser. Ils sont gentils mais parfois un peu lourd les papas :D.

Une fois que l’on en a eu marre de la musique congolaise, direction le stand de docteur Franck (une institution de Kalemie dont il faudrait aussi que je parle …) et là, on a branché les ipods et autre MP3 qu’on avait dans les poches. Et ça a été juste la folie … Imaginez trois ou quatre blancs, un peu survolté, qui se mettent à danser comme des dingues sur du hip hop ou de l’électro, une quinzaine de congolais qui arrivent et qui nous regardent, complètement baba … Et les plus audacieux qui viennent danser avec nous. Juste une expérience à part … Enormissime ! On a fini tard… Fatigue quand tu nous tiens ! Pour récompense, une angine et du repos forcé… mouarf ! lol

Pffff, j’ai toujours pas fini les différents trucs que je note en une phrase et que je veux développer mais je vais m’arrêter là.

Merci de m’avoir lu, vous me manquez tous terriblement. Le break 3 mois approche (dans une ou deux semaines), le départ de Sylvain, mon coordo aussi (le 12 septembre). Je commence à réfléchir à mes dates. Je pensais pouvoir aisément prolonger au-delà des 6 mois. Mais je fatigue, le manque de la France, le turnover, tout ça me fait me poser des questions (Marie et ses questions existentielles, le retour).

N’hésitez pas à me donner des nouvelles, je ne réponds pas toujours longuement aux mails mais voilà, avec ce post, j’espère calmer le mécontentement qui gronde chez certains =p.

Je vous embrasse tous très fort entouka. A très bientôt !


PS: il reste bien sûr les rencontres surprenantes au coin d'une rue

De Lubumbashi baby


PS1: le temps file, Makali grandit !!
De Lubumbashi baby


PS3: test palu ok, angine + indigestion: en cours ... lol Mais tout va bien !!!

dimanche 5 juillet 2009

Le froid, ça vous gagne !!

Après une semaine avec un rythme de dingue, après la fin de la STR, on revit un peu ici. On prend plaisir à n'être que 6 à table le midi et non 8, à se déplacer à 6 et non à 20 !!!
La colo, c'est bien mais c'est crevant =)

Pfiou, au risque de me répéter ! Il caille !!!!!!!!!!!! Lol. Me serais bien baignée par chez vous car ici, même s'il fait toujours chaud au soleil, les courants d'air ont eu raison de Franck qui a maintenant un gros rhume, on redoute d'oublier le pull dès qu'on sort. On m'avait vendu l'Afrique comme un continent chaud !! J'ai été roulée sur la marchandise =p.

La série des improbables continue. Franck, le coordinateur administratif ici, est fan de musique classique et pianiste à ses heures. On se retrouve donc embarquer dans des discussions sans fin sur "mais oui, Shubert, c'est génial !!". A la suite de ces discussions, on était tombé d'accord sur le fait qu'il fallait que l'on trouve un piano dans le bled. Hier soir, petite repas dans un des restos de la ville. Et comme par magie, dans le fond de la salle, un piano =)
Je joue, Franck joue, Monsieur Christian, un congolais qui était là à jouer aussi. Il chantait les mélodies que je jouais en top synchro et me reprenait quand je zappais des passages parce que je savais pertinemment que je ne les savais pas (Passacaille, je zappe une page, il me dit "ah mais non, il en manque là"). Complètement bluffant et tellement énorme !!!!

Franck sympathise avec Christian le temps que je me démène avec Shubert et conclut sur le fait que Dominique, apparemment un grand pianiste du coin à plusieurs pianos à Lushi et qu'il serait peut être possible qu'il nous en prête un ... BONHEUR TOTAL !!!

Le dossier est un peu en standby, on ne nous a pas rappelé, nous n'avons pas appelé, Franck est sur le terrain à Bukama donc wait and see mais on y arrivera !

Au niveau boulot, la galère continue sur certains dossiers, certains autres se décantent rapidement.

Dans la série des "on en a marre", on a les vannes à destination du réseau d'eau de Kalémie, deux mois qu'elles sont sous douane, entre les grèves de l'OFIDA, le transitaire qui se trompe de procédure pour l'importation (exemption, exonération, tralala, tralalala), des formulaires qui sont tapées à la machine et pas générés sur informatique du coup, ça ne plaît pas ... Il y a des fois où tout ça est exaspérant ... Je sais pertinemment que c'est le même combat au niveau des douanes françaises. Pour l'avoir quelque fois vécu quand j'étais au siège ou même avant chez SDV, les procédures restent les procédures. Mais là, j'avoue que même en prenant le système avec ses contraintes procédurières, en les acceptant, cela ne semble pas fonctionner, faute de cohérence dans ledit système. Et si invoquer la clémence des autorités en faisant un sourire peut parfois marcher, je crois que l'OFIDA recrute spécialement son personnel avec un critère décisif pour l'insensibilité aux sourires ...

Pendant ce temps, le programme de Kalémie ne peut pas continuer car les vannes sont destinées à la réhabilitation de parties du réseau de distribution d'eau particulièrement abîmées. Si pendant un certain temps les équipes sur place ont pu faire contre mauvaise fortune bon coeur et avancer sur d'autres parties du travail, depuis 15 jours, les personnes sont réellement au chomâge technique ... La pire des choses lorsque l'on sait les coûts que cela représente !! Culpabilité quand tu nous tiens ... Comme quoi un mauvais transitaire peut plomber le déroulement d'un programme ...

Et puis le must, c'est les gens qui disent être là mais qui ne le sont pas ... "Oui, monsieur Gustave ? Vous m'aviez donné rendez-vous à 15h, il est 15h45... Où êtes-vous? Ahhh les embouteillages ..."
Alors on attend, tranquillement, sûrement ... J'apprends la patience contre mon gré. C'est dur quand on sait qu'il y a de nombres autres choses à faire. Mais quand le moral est bon, on prend contre mauvaise fortune bon coeur et on met le temps à profit pour autre chose.
J'apprends par exemple le swahili avec les chauffeurs. Polé polé hein ! Faut pas aller trop vite. Moja, mbili, tatu, iné, tano ... Voilà, vous savez compter jusqu'à 5 ... Hakuna matata ! Y'a pas de pb :) C'est une langue qui est très intuitive et qui ressemble sur certains points à la construction du français, c'est bien! Ca permet d'apprendre plus vite !

Je me retrouve à nouveau toute seule à la coordination pendant quelques jours. Les autres sont soit sur le terrain soit en break ... Ca donne une autre saveur au travail, beaucoup de choses inhabituelles à gérer, ça transforme les journées.

A côé du boulot, la vie suit son cours, on rigole bien, petites soirées par ci par là, la nourriture est bonne, on a un peu pris les choses en main avec Noella, la femme de Sylvain (qui est une congolaise du Kivu). Je vais faire le marché avec elle tous les week end, c'est l'éclate ! La négociation, l'ambiance, les odeurs (pouah le poisson =p !)

Le marché a une ambiance surréaliste que j'adore. Peu de blancs y vont, alors forcément, je détonne et je suis suivie par une nuée de petits gamins qui veulent me vendre les fameux sachets (Madaaaaaaameeeeee, 100 francs le sachet). Il faut absolument que j'achète un panier pour arrêter ce truc !! En gros, je suis suivie en permanence par 5 à 6 gamins, qui me repèrent alors que je suis encore dans la voiture et qui restent avec moi pendant toute la durée du trajet ... Parfois, on a aussi un changeur qui reste avec nous. Il nous fait le change entre les dollars US, monnaie de travail ici pour les ONG et les francs congolais. Deux dollars = 1500 francs congolais. Pas d'euros sur le marché du change ici. Donc avant de payer, on demande toujours le taux applicable, pour être sûr de pas se faire arnaquer. C'est quand même monnaie courante, si on n'est pas vigilant.

Avec la crise, les taux ont beaucoup varié. On est arrivé à 750CDF=1$ mais je crois qu'a une époque, on avait 1000CDF pour 1$. Ca va mieux apparemment donc, mais avec la crise, beaucoup de compagnies minières qui étaient installées ici ont fermé leurs portes avec toutes les choses que cela entraîne: chomage, hausse de la criminalité ... C'est quelquechose que l'on ne voit pas vraiment quand on travaille dans le milieu des ONG. On reste omnibulé par notre boulot, nos tuyaux, nos avions etc ... Mais le contexte autour est essentiel même si difficile à sentir. Pour ça, le film Katanga Business est terrible car il permet de voir des choses que l'on n'aurait jamais compris tout seul. En revenant de Kalémie par avion, j'ai donc compris ce qu'était ces gros complexes avec des trous au milieu: des mines de cuivre ou de cobalt ...

De Lubumbashi baby


Je n'écris pas assez souvent, j'ai trop de choses à raconter, je m'en rends compte à chaque fois que je prends le temps de m'y remettre ...

Donc pour ce coup-ci, je m'arrête là et je tenterai d'attendre moins longtemps avant de réécrire.

Ah oui, ça manque de photos me direz vous ...

Ca rame tellement que bon, je les rajouterai une fois qu'elles auront bien voulu se charger.

Allez, une après midi pour charger les quelques photos que j'ai


De Lubumbashi baby


De Lubumbashi baby


Spéciale dédicace aux amis Iprisiens
De Lubumbashi baby

Entre l'église à côté de chez moi à Paris et ce lycée ici, je crois que je suis poursuivie à jamais par la Syldavie et son uranium !!


N'hésitez pas à m'envoyer des mails me donnant de vos nouvelles, ce sont les meilleurs remèdes contre les mini coups de blues qui pointent parfois leur nez.

mardi 30 juin 2009

La suite

Les semaines se suivent mais ne se ressemblent pas encore ...
Le boulot poursuit son cours, les ouvertures de nouveaux projets sur deux de nos bases nous poussent au boulot !!
Aujourd'hui, fête nationale de l'indépendance. Jour férié rempli avec une grasse mat et le retard sur les dossiers. On profite de l'absence du staff, de l'impossibilité de faire les achats pour rattraper les procédures que l'on avait jusque là laissées de côté.

Après le retour de Kalémie, une jolie fête d'anniversaire le lendemain du resto, la première boîte congolaise. Dépaysement total !!! La musique pourra sembler soulante au bout d'un certain temps mais les congolais hommes sont des danseurs hallucinants ! Jamais vu autant de mecs sur une piste de danse ! Plus d'hommes que de femmes, une fois n'est pas coutume.
Des barbecues et des verres à droite à gauche, le temps se fait plus frais ces derniers temps, on est au plein cœur de l'hiver, si la journée, le soleil réchauffe encore bien et nous permet d'être en débardeur, c'est traitre !! Le soir, la température chute bien, on rechigne à passer le pull et du coup, on choppe la crève !

Cette semaine, c'était l'organisation de la Semaine Technique Régionale de Solidarités sur notre base. La réunion de tous les responsables programmes (RP) du Congo et du Burundi, une vingtaine de personnes pour lesquelles il faut tout organiser (hôtel, salle de réunion, bouffe, sorties, internet et tout le bazar !) Dur dur en plus de la journée classique de travail et le boulot pour les deux grosses bases. Car en plus en général le soir c'est "Marie, tu viens boire un verre ?" et l'envie de couper des dossiers qui poussent au vice ...

Actuellement, c'est Nyunzu et Bukama qui lancent les programmes. Sur deux problématiques différentes.

A Bukama, c'est un réseau de distribution d'eau qui est construit. 7km de tuyaux tout neufs à poser. En ce moment, c'est le défrichage de la zone du tracé.

De Lubumbashi baby


Bientôt, pour ma pomme, ce sera l'achat des sept kilomètres de tuyaux en Zambie !!!


A Nyunzu, c'est un projet de 36 mois qui a commencé quelques mois auparavant. Des achats de caprins, des achats de semences ... Tout ça n'est pas forcément acheté à notre niveau à Lubumbashi car le gros problème que l'on rencontre ici, ce sont les possibilités de transport. Si nous trouvons tout à Lubumbashi, les seules possibilités que l'on a pour approvisionner les bases qui sont sur le Tanganika (le lac si vous avez bien suivi, il s'agit de Nyunzu et Kalémie), c'est l'avion. Le train nous permettrait normalement d'envoyer du matériel de Kalémie à Nyunzu mais grève sur grève, on sait parfois quand le train part (et encore ...) et c'est advienne que pourra pour savoir quand il arrive. J'ai entendu dire qu'une fois, ils avaient débloqué un train de toute urgence en envoyant de gros moyens car une épidémie commençait à s'y répandre.

Bref, tout ça pour dire que le boulot, c'est de la planification dans l'urgence, ce qui n'est pas le plus évident. Mais ça reste encore et toujours l'éclate, avec les coups de gueule et les petits plaisirs sur les dossiers qui vont vite et qui débloquent bien les situations =)

Ce week end, on a eu une jolie soirée avec toutes les personnes de la STR, des collègues des autres ONG, des partenaires institutionnels ... Ai momentanément cru à une montée de palu (fièvre, courbatures ...) mais après un bon coup de flip, un peu de repos, je me suis sentie en forme et j'ai pu revenir à la soirée !

Voilà, il est plus de 20h30, on est encore pas mal au boulot, on envisage de sortir boire un coup et manger un morceau ... Le rythme est fatigant mais la tension de la journée doit bien être évacuée d'une manière ou d'une autre.

Une photo de l'équipe quand même =)

De Lubumbashi baby


Dans la série improbable, on citera le concert de jazz au centre culturel français avec la reprise de "They don't care about us" de M. Jackson. Je ne sais pas trop comment ça a été vécu en France mais ici, j'ai jms entendu autant de Michael depuis qu'il n'est plus là ...
On citera aussi le fait de pouvoir trouver des pailles d'or framboise dans le secteur
De Lubumbashi baby

mercredi 17 juin 2009

Seconde prise

La mise en page du premier article est vraiment pourrie ...

Je suis arrivée à Kalémie jeudi dernier. Ville beaucoup plus au nord du Katanga, le long du lac Tanganika.

De Lubumbashi baby


De Lubumbashi baby


De Lubumbashi baby


Bon, pour parler de tout ça, le plus simple c'est de faire une petite présentation de la zone.



Sur cette carte, vous voyez la République Démocratique du Congo dans son ensemble. C'est un pays qui fait plus de trois fois la superficie de la France.
En rouge, la zone d'instabilité dont on parle régulièrement (ou pas) dans les JT et les journaux. Je ne suis pas au jour le jour les développements mais aux dernières nouvelles, des déplacements ont lieu dans le Sud Kivu, au sud de Goma, en direction de notre zone. Ces personnes fuient les combats qui font rage autour du lac Kivu.
Pour couper court à vos inquiétudes, OCHA, l'organisme de l'ONU en charge des actions humanitaires sur le terrain, a effectivement soulevé la question de savoir si des personnes déplacées pouvaient arriver jusqu'à Kalémie (où je me trouve actuellement). Aucune personne déplacée n'a été signalée pour le moment. Les gardiens et les journaliers qui travaillent pour nous n'ont encore entendu aucune rumeur disant que des personnes pourraient descendre jusqu'ici. Mais effectivement, nous sommes toujours en veille au cas où. Au cas où des personnes déplacées arriveraient, pour pouvoir leur fournir une aide. Au cas où la sécurité viendrait à se détériorer pour changer les procédures sécu en cours.

La zone verte désigne les zones d'intervention de Solidarités au Katanga. Nous avons également des missions à Goma, région du Nord Kivu et une autre à Bunia, en Ituri. Ce sont les zones qui actuellement sont très versatiles quant à leur contexte sécurité.



Voilà de façon plus précise à quoi ressemble la région dans laquelle je travaille.

Pour vous faire une idée des distances et des possibilités de déplacement, nous sommes sorties en brousse dimanche dernier, sur l'axe nord de Kalémie (la route suit grosso modo la rive du lac). Les deux punaises côte à côte (Kalémie et Village de pêcheur) sont à moins de 30 km l'une de l'autre à vol d'oiseau. Pour y aller, nous avons mis plus de trois heures, dans un quatre quatre suréquipé ...

Mais ça valait vraiment le coup ...

De Lubumbashi baby


De Lubumbashi baby


De Lubumbashi baby


Vu que les bases sont très éloignées les unes des autres (Bukama avec la sous base de Katala, Kalémie sur les rives du Tanganika où je suis donc allée, Nyunzu, la base opérationnelle la plus grosse actuellement avec 6 expats, et bientôt ses deux sous bases à Nyemba et un bled dont je ne me souviens plus le nom ...), on se déplace essentiellement en avion pour s'y rendre. Sur place, déplacement en 4*4 ou alors en moto mais on ne conduit jamais. Ce sont toujours des chauffeurs. Pour info, la route entre Kalémie et Nyunzu fait à peu près 200km, il faut 6 heures pour y aller en moto ...

Plus concrètement, niveau boulot, tout se passe bien. Du retard à rattraper pour cause de surcharge de travail pour une seule personne (mon chef, Sylvain), l'équipe s'organise tranquillement (à Lubum, on est deux expats pour la log avec trois nationaux: François, Monique et Gérard). Beaucoup de déplacements sur les bases pour Sylvain, du coup, pas le temps de répondre à tous les mails et le mécontentement qui gronde. C'est un peu pour ça que le poste que j'occupe a été créé.
Les problématiques sur lesquelles on travaille sont prenantes, les défis énormes mais honnêtement, quand on voit les photos des réalisations qui sont faites par les programmes ... et bah on se dit qu'on ne travaille pas pour rien.

Je suis rentrée à Lubumbashi jeudi, après avoir loupé mon avion de mardi (pas ma faute !!). On est rentré à trois, c'était rigolo, dans un avion minuscule. J'ai jamais voulu faire de l'ULM mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai a priori pas peur en avion 8 places :)

L'upload des photos prend un temps fou, je vais essayer de les ajouter au fur et à mesure ou trouver une solution pour que cela aille plus vite!

Suite au retour à Lushi, me suis replongée dans le boulot, je pars nez au vent en ville à la recherche de tronçonneuse, de plaque vibrante ou autre matériel technique. Pas évident évident quand il n'y a ni internet ni les pages jaunes. Être acheteur ici n'a vraiment rien à voir avec être acheteur en Europe. Mais c'est un boulot bien plus sympa où tu vas à la rencontre des gens, tu crois entrer dans un magasin pour trouver des enceintes et finalement, tu tombes sur une tronçonneuse =) C'est ça qu'est bon !!

Hier soir, mon anniversaire. Ma journée m'a tué, j'ai couru à droite à gauche alors on a été calme (ce qui change d'avec les années précédente !!). Resto indien trop bon avec l'équipe, c'était bien sympa ! L'équipe est de manière générale très cool. On annonce déjà le turn over sur plusieurs postes ... Toujours dur de se dire que les gens ne sont plus là que pour quelques mois alors que je viens d'arriver. Mais bon, ici, c'est en permanence que les gens partent et arrivent.

Prochain épisode un peu plus tard

PS: nouveau venu une semaine après mon arrivée : Makali =) Ca veut dire méchant en swahili mais il n'en est rien !!

De Lubumbashi baby

samedi 30 mai 2009

Arrivée et premiers jours à Lubumbashi

Coucou la compagnie,

Un peu longue la mise en route de ce nouveau blog !!
Rattrapons donc le retard.

Arrivée à Lubumbashi le 27 juin à 14 heures environ, après un long voyage, la chance d'avoir de la place dans l'avion !!! Deux sièges pour moi toute seule, un joli hublot pour me tenir compagnie, tout s'est bien passé.

Ma première expérience africaine (si on peut appeler ça une expérience ...): l'aéroport d'Addis Abeba pour un transit de quelques heures avant de réembarquer pour Lubumbashi. Rien de très intéressant, des chinois, on fume dans les aéroports en Ethiopie et l'eau que l'on achète dans les échoppes est conditionnée dans des bouteilles recyclées non scellées. D'abord sceptique et hésitante (j'avais soif !!), j'ai joué la sûreté, pas touche minouche !

L'arrivée sur Lubum a été intensive, toute l'équipe était présente ou presque mais tous repartaient le lendemain sur le terrain. J'ai donc passé ma première semaine à dormir sur une autre base, chez Première Urgence, une autre ONG française basée à Lubumbashi (Lubum, Lushi ...).

Que retiendra-t-on ...

Ma prise de contact laborieuse avec les Toyota Hilux et leur fermeture non centralisée individualisée compliquée =)


Prise de contact plus qu'intéressante avec la Simba, bière locale conditionnée en bouteille de 75cl




Donc voilà la bière, que j'ai pu apprécier également lors d'une ballade dans un lieu intitulé "La ferme" à une heure de route environ de Lubumbashi.













Quel type de route me direz-vous ? Et bien il s'agit d'une très très longue et droite route, en goudron, construite par les Chinois.


De Lubumbashi baby



C'est complètement bluffant comme truc... On roule à 90km/h. Le truc moins bluffant, c'est quand on sait que l'utilité principale de cette route est de permettre l'extraction à moindre coût des ressources minières du pays. M'enfin, ne polémiquons point ...
Bon, bien sûr, il reste quelques zones qui ne sont pas finis et dans ce cas là, on roule sur de la piste qui est cependant excellente (pas d'ornières et si peu de bosses !!).




Rien à voir avec celle que j'ai empruntée plus tard au nord de Kalémie.



Au bout de cette route, la Ferme.

De Lubumbashi baby


Endroit sympa, pleins de mozungu (blancs en Swahili), trop peu représentatif de ce qu'est le pays. M'enfin, pour une a près-midi détente, c'est plutôt sympa.







Jusque là, je m'acclimate bien mais j'avoue que j'avais hâte d'être dans mon vrai chez moi, avec mon équipe (ahh zut, mauvais paparazzi que je suis, pas encore de photos de groupe !! Faut dire que pas une fois nous n'avons tous été à la base en même temps !!)

Voilà, je m'arrête là pour le moment car comme vient de dire un monsieur "la fête va commencer" !!
Je suis à Kalémie pour le week end et on fête le départ de Julie C, la responsable d'un programme ici.

Hasta siempre !